Malgré le froid, malgré les bleus sur ses fesses, malgré ses doigts engourdis, Jil continuait d'avancer. Son manteau ne la protégeait pas suffisamment, ses bottes fourrées lui paraissait ridicule, ses pokémons étaient rentrés dans leur pokéball, et elle était seule sur cette stupide route. Elle ne se doutait pas qu'un collègue ait pu lui faire une blague et lui dire qu'elle devait interwiewer un dresseur au bout de la route des glaces juste pour se moquer d'elle. Elle y était aller sans hésiter, même avec un certain enthousiasme. Un confrère un peu plus bienveillant avait tenté de la dissuader, mais sachant qu'il échouerait à la raisonner, lui avait confier des vêtements chauds, des chaussures à crampons et un sac contenant quelques vivres et une thermos de café amer, une couverture de survie, ... Son sac était encore alourdi par des tas de choses qu'elle jugeait nécessaires mais qui brillaient par leur inutilité. Elle était sensée rentrer dans la journée.

Maintenant, elle ne savait plus depuis combien de temps elle marchait. Elle avait fait tombé la pokémontre que l'entreprise lui avait confiée quelques minutes plus tôt dans un ravin. Depuis, elle continuait d'avancer obstinément, sans savoir depuis cobien de temps elle était partie ni le nombre de pas qu'elle avait fait depuis son départ. Le vent lui asséchait la gorge et les lèvres, le froid lui mordait le visage, mais elle se contentait d'avancer. Finalement, elle glissa une énième fois et tomba en avant. Son menton se cogna par terre, son poignet droit craqua, mais ne subit pas d'autre dégât. Toutefois, elle découvrit quelque chose de nouveau. Le monde. Le monde sous un nouvel angle. Du sol, le monde lui paraissait bien moins effrayant, les ravins moins voraces, le vent moins violent, ... En fait, malgré la glace qui la gelait, elle se sentait bien. En fait, même la glace était bénéfique puisqu'elle refroidissait sa douleur à la machoire. Avec une curiosité appliquée, la journaliste se mit à ramper, pour voir si cette position lui convenait mieux. Avec joie, elle constata qu'elle ne tombait plus! Cela la réjouissait tellement qu'elle ne remarquait plus ses doigts bleus et ses gerçures.Elle continua donc son trajet dans cette position tout en réfléchissant aux raisons qui poussaient les humains à être bipèdes.

Toutefois, elle avait oublié un avantage à marcher sur ses deux pieds. Et pas des moindre. La couche de neige s'était épaissie au fur et à mesure qu'elle avançait et elle était désormais totalement recouverte par la neige. Seuls ses yeux, protégés par une paire de lunettes pleine de traces de doigt qui lui brouillaient la vue, et ses cheveux roses dépaissait. Ce fut donc bien naturellement que la première personne qu'elle vit de son expédition lui marchant dessus, lui arrachant un cri.